Brandon from ROY to retired

Pour notre premier portrait de joueur, nous souhaitions commencer par un de nos joueurs préférés All Time mais qui restera aussi comme le plus gros « What If », Brandon Roy. Souvent cité dans les noms des joueurs qui ont laissé le plus grand sentiment d’inachevé avec Penny Hardaway et Grant Hill, nous allons nous attarder ici sur un joueur qui n’a joué que 326 matchs en carrière contre 704 et 1026 pour ses compagnons d’infortune.

L’histoire commence en 1984 à Seattle, où Brandon voit le jour. A cette époque, les Sonics sont une équipe de milieu de tableau, où la star est le pivot Jack Sikma, rien de fou. Mais dix ans plus tard, ce n’est plus la même, Payton, Kemp, Schrempf et McMillan sont sous la tunique verte et proposent chaque soir un spectacle plus spectaculaire que la veille.

Nul doute que cette équipe à forcément influencée le petit Roy à jouer au basket.

C’est d’ailleurs lors d’un camp de Nate McMillan que le jeune joueur sera repéré la première fois.

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Il fera ses classes au lycée Garfield puis à la fac locale, Washington State. Fait rare à l’époque et encore plus maintenant, il y fera son cursus complet, 4 années sous le maillot des Huskies. Il terminera sa saison senior avec des excellentes stats, 20.2 points, 5.6 rebonds et 4.1 passes, le tout avec des pourcentages élevés (51%/40%/81%). L’aventure s’arrêtera au Sweet Sixteen lors d’une defaite en prolongation contre Rudy Gay et Connecticut.

Il est l’heure pour lui de rejoindre la grande ligue.

A la draft 2006, il est appelé par David Stern en 6ème position par les Minnesota Timberwolves puis échangé dans la foulée à Portland contre Randy Foye. Plus tôt lors de cette même soirée, les Blazers avaient récupérés le 2nd choix, LaMarcus Aldridge (contre Tyrus Thomas sic !).

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C’est donc dans une équipe en reconstruction que débarquent les deux rookies. Mais qui coach cette équipe ? Nate McMillan !

Il ne tarda pas à faire entière confiance à Roy et le fera débuter 55 des 57 matchs qu’il disputera. Cette saison fut excellente d’un point de vue personnelle, conclue par des stats de 16.8 points, 4.4 rebonds et 4 passes. Collectivement c’est beaucoup plus compliqué avec seulement 32 victoires.

Roy est logiquement élu Rookie of the Year (ROY…) avec 127 votes sur 128. Il est désormais le franchise player, le front office de Portland ayant envoyé Zach Randolph aux Knicks contre Channing Frye.

Lors de la saison 2007-2008, Brandon augmente encore son rendement, pendant ses 74 matchs il tourne à 19.1 points, 5.8 passes et 4.7 rebonds, il est appelé au All Star Game, chose remarquable pour un sophomore.

Brandon+Roy+Chris+Paul+2008+NBA+Star+Game+heqYliL8-hnl

Les Blazers gagneront 41 matchs cette année là, cela ne suffira malheureusement pas à aller en playoffs mais l’équipe est pleine de promesses, rien qu’à voir le run de 13 victoires passé lors du mois de décembre.

Pendant la présaison 2008, Roy se fera traiter le genou gauche lors d’une petite opération durant laquelle on lui enlève un morceau de cartilage. Bénin et non alarmant à l’époque.

Cette saison 2008-2009 est l’année de l’explosion pour la franchise de l’Oregon et son Franchise Player. Renforcée par le 1er choix de draft, Greg Oden (encore la malédiction…) ainsi que part le longiligne ailier normand, Nicolas Batum.

54 victoires en saison régulière, ça n’était plus arrivé depuis 99-00.

Parmi ces soirs, en décembre 2008, il régalera ses fans en établissant son record en carrière avec 52 points contre les Suns de Phoenix (ceux de Nash et Amare).

Portland Trail Blazers v Phoenix Suns, Game 5

Il apparaît désormais que Roy fait partie des meilleurs joueurs de la ligue. Il est un attaquant racé, doté de toutes les qualités dont peut rêver un joueur. Il est élégant, adroit, habille des deux mains et capable de scorer dans toutes les situations. Shoots a 3, mid-range, jeu au poste, pénétration, rien ne lui manque. Il paraît tellement facile qui récoltera le surnom de « Natural ».

Sa décontraction est une de ses meilleures armes, comme le dit Nicolas Batum sur le plateau de First Team « Tout semblait au ralenti autour de lui ».

Il affiche également un mental digne des plus grands en prenant à son compte les matchs serrés, c’est un clutch player, ce ne sont pas les Rockets ou les Knicks qui me contrediront !

L’exercice suivant sera le point d’orgue de la carrière de B-Roy, 78 matchs disputés, 22.9 points plus 5.1 passes et 4.7 rebonds, une sélection au All Star Game, une nomination dans la NBA All 2nd Team, et une 9ème place au classement de MVP.

Quoi de plus normal à ce moment la pour les Trailblazers que de lui proposer un contrat maximum de 82 millions de dollars sur 5 ans. Il est la star et l’avenir de la franchise à ce moment précis.

Nouvelle saison, Roy continu sur sa lancée, il passe 42 points aux Rockets lors du 3ème match. Tout roule pour lui il obtient la reconnaissance de ses pairs, Kobe Bryant déclare

« Il est le mec le plus dûr à défendre de la conférence Ouest ».

Fin janvier il se blesse au genou, premier coup d’arrêt. Il continue de jouer malgré la douleur, mais en avril il est obligé de passer sur le billard. Il devra rater le premier tour contre les Suns, mais son fort caractère ne laisse pas faire et il fait son retour pendant le match 4, insufflant un élan de motivation à sa team. Cela ne sera pas suffisant, ils s’inclineront 4-2.

Nous sommes en décembre 2010, la saison à débuté depuis un bon mois quand B-Roy se blesse à nouveau au genou, mais cette fois-ci le couperet tombe, le verdict est sans appel, arthrite avancée, son corps a 25 ans, ses genoux 75. Il n’a plus de cartilage, l’inflammation est permanente, il ne peut plus jouer autant de minutes à haut niveau.

Il doit donc s’adapter à un nouveau rôle, celui de remplaçant. Difficile de l’accepter pour un compétiteur mais son corps ne lui laisse pas le choix. Cela ne l’empêche pas d’être clutch, comme en février contre les Nuggets ou il plante 18 points dont un 3 points décisif. Mais le reste du temps c’est beaucoup plus compliqué pour lui, son temps de jeu est inférieur à 20 minutes/match, il ne pèse plus sur les matchs.

Lien de cause à effet, 2010-2011 est la première saison en 3 ans que les noirs et rouges régressent, 48 victoires, 6 de moins que l’année précédente.

Nous arrivons donc en Avril 2011 où l’adversaire, le futur champion, se nomme Dallas Mavericks, équipe composée de Dirk Nowitzki, Jason Kidd, Tyson Chandler, Shawn Marion, Jason Terry…

Les deux premiers matchs de la série sont un calvaire pour Roy, il n’est que l’ombre de lui-même, mentalement au fond du trou, c’est en larmes qu’il déclarera « Physiquement, il faut que je joue. Mais mentalement, je ne sais plus comment faire… »

Il est également touché par le choix de son coach qui le relègue, a juste titre, dans la rotation.

« Je pensais juste que je serai mieux traité, et c’est vrai que c’est un peu décevant. Je suis le dernier à entrer dans le premier quart-temps, et on me fait ressortir immédiatement au début du second. Ce que je veux dire, c’est que je ne comprends pas ce que j’aurais pu faire de mieux. Donc, je me rassois, et Patty (Mills) et Rudy (Fernandez) entrent encore avant moi. »

Le joueur est touché, l’homme est abattu.

Au match 3, Portland remporte la victoire à domicile grâce à une belle copie de Aldridge et Matthews, Roy joue 23 minutes pour 16 points, de quoi remonter le moral.

Match 4, 3ème quart temps, les Blazers sont au plus mal, 23 points de retard, la défaite se profile, et à 3-1 l’élimination est quasiment actée.

C’est à ce moment que nous allons assister à une des plus belles remontées de l’histoire, Roy enfile le costume de super héros et plus rien ne peut l’atteindre. Il marque un shoot from the line au buzzer pour remonter l’équipe. Puis pendant 12 minutes il ne va plus rien rater, tout rentre, à mi-distance, floaters, 3+1, tout y passe. L’incroyable se produit, les Blazers remportent le match de 2. Il termine avec 24 points en 24 minutes.

On ne le saura que plus tard, mais il s’agissait la de son avant-dernier match à domicile, les Mavericks plieront la série au match 6. et continueront le travail jusqu’au Larry O’Brien Trophy.

Pendant l’été, Brandon Roy n’a plus le choix, il annonce la fin de sa carrière, ses deux genoux ne lui permettent plus de jouer, c’est un déchirement pour lui, pour le staff, pour les fans.

C’est la fin de cinq années trop courtes durant lesquelles il aura illuminé le Rose Garden de son talent, ébloui adversaires et coéquipiers. Même la légende de la franchise, Clyde Drexler est dithyrambique : « Brandon restera l’un de mes joueurs préférés dans l’histoire des Blazers. Il a fait preuve de leadership très jeune et c’est rare. (…) Il doit garder la tête haute et ne pas oublier qu’il a été l’un des meilleurs joueurs à avoir porté l’uniforme des Blazers. »

En 2012, après avoir reçu le même traitement que Kobe, il se sent capable de reprendre et annonce son comeback. Amnistié par les Blazers, il ne lui est pas permis de revenir, c’est donc avec les Timberwolves de Kevin Love qu’il s’engage. C’est un coup d’épée dans l’eau, il se blesse en présaison et ne jouera que cinq matchs avant de devoir raccrocher les sneakers.

L’homme est discret, presque secret, mais c’est lors d’un podcast de J.J Redick pour The Vertical qu’il donnera sa vision de sa carrière.

« Dès que David Stern a annoncé ma sélection par les Wolves à la sixième position, je me suis dit que chaque moment après celui-ci serait du bonus car j’avais attendu cet instant toute ma vie. Je ne dirais pas que j’ai joué ainsi pendant cinq ans car j’ai eu deux opérations du genou lors de ma cinquième année mais, disons, pendant mes quatre premières années, j’ai joué décontracté, j’ai pris du plaisir et c’était la meilleure période de ma vie car la pression n’était plus là, j’avais déjà fait le plus difficile. Beaucoup de gens ne le savent pas mais même pendant mes quatre premières années, je souffrais déjà. Il y avait des matchs où je ne savais pas comment j’allais pouvoir jouer. C’était donc vraiment cool d’avoir cette carrière compte tenu de mes blessures. »

Si il semble lucide et en paix avec ses choix, il n’a rien perdu de son amour pour la balle orange, en effet il officie désormais en tant que coach au Nathan Hale High School, Seattle, où il à connu une excellente saison en coachant un des futurs Top 3 de la draft, Michale Porter Jr. Il est nommé Coach High School de l’année, preuve de la qualité de son travail.

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D’un point de vue tout à fait personnel, il a toutes les qualités pour devenir un grand coach, il a l’amour du jeu, une compréhension au dessus de la moyenne, un mental d’acier et très certainement une envie de finir d’écrire son histoire.

Si la ligue se décide à faire renaître les Sonics, nous pourrions rêver de le retrouver sur le banc…

Vincent, NBA Nation France.

Sources : BasketUSA, Basketball Référence, First Team, ESPN, The Ball Never Lies .

 

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